La plupart des images de Tokyo Rumando sont des autoportraits mis en scène, comme une succession de performances qu'elle réalise devant l'objectif pour questionner son identité. La pluralité de ses personnages constitue le fil rouge de son travail. Dans la série Orphée (2014), l'artiste puise dans ses fantasmes et ceux des autres pour se mettre en scène et se transformer au fil des images. Reflétés dans un miroir, ses mille visages brouillent la frontière entre fiction et réalité, lui permettant de jouer avec la perception des spectateurs tout en explorant les multiples facettes de son identité.

Dans sa nouvelle série Visible/Invisible Memories (2023-), dont certaines images sont présentées ici, Tokyo Rumando examine le potentiel de l'image comme moyen d'éveiller la mémoire et de transcender les traumatismes du passé. Elle crée des œuvres qui mêlent expériences collectives et personnelles, formant un corpus qui parle de la condition des femmes au Japon, transcendant les époques. En résonance, des cyanotypes sur verre brouillent et transforment les souvenirs passés en les teintant d'un voile bleu. L'artiste tisse ainsi une série aux accents "blues", dans laquelle elle plonge pour s'interroger intimement.