POUR CHANGER NOTRE IMAGINAIRE

Judith Prat - Cloé Harent - Marina Planas

Ce projet présente trois séries de photographies issues de trois résidences d'artistes - Occitanie, Catalogne et Baléares - nous invitant à (re)penser le lien entre les Pyrénées et la Méditerranée en interrogeant la proximité des sommets et de la mer dans une temporalité partagée.

Un dialogue s'instaure ainsi entre les éléments bruts, primitifs et telluriques du Cap Creus capturés par Cloé Harent, la temporalité bien définie des archives photographiques majorquines revisitées par Marina Planas et l'approche à échelle humaine des communautés villageoises des Vallées des Gaves adoptée par Judith Prat.

Cette interprétation actualisée du paysage devient ici une source de créativité et de rappel de valeurs sensibles, permettant de mieux réfléchir aux enjeux actuels au-delà des images stéréotypées et commerciales qui nous empêchent trop souvent de les comprendre.

Une collaboration entre l'Institut pyrénéen de la photographie, le festival de photographie InCadaqués et le Centre de recherche et de culture contemporaine Casa Planas.

Instagram @judithprat

La montagne au-dessus des toits

JUDITH PRAT

Au XIXe siècle, la photographie pyrénéenne présente la région à travers le regard des explorateurs, enrichi de dessins et de correspondances, mais détaché de la vie quotidienne de ses habitants. Il manquait la connaissance vécue des communautés locales, leur relation à la terre, la langue gasconne et l'imaginaire culturel ancré dans le lieu.

Judith Prat met en avant cette perspective, en privilégiant la voix de ceux qui habitent aujourd'hui les Pyrénées. Son travail aborde des questions sociales - le rôle des femmes, le partage des alpages, l'accueil des exilés - tout en soulignant les liens profonds entre l'homme, la nature et le paysage. Dans un territoire de plus en plus façonné par le changement climatique, ses photographies nous poussent à imaginer de nouveaux futurs, où les Pyrénées restent à la fois fragiles et créatives, source de conscience et de renouveau.

Judith Prat, formée au droit et aux droits de l'homme, est une photographe dont le travail explore le territoire, la mémoire et les questions relatives aux femmes à travers des récits visuels qui relient les images à la pensée critique. Ses projets, exposés à l'échelle internationale dans des lieux tels que le Museo Reina Sofía et la Biennale de La Havane, ont été récompensés à de nombreuses reprises. Présentée dans le New York Times et le Guardian, elle a publié deux livres(MATRIA, BRUJAS) et produit des films documentaires, tout en donnant des conférences et en faisant partie de jurys de photographie.

Instagram @marinainstatime

Un nouveau paysage

MARINA PLANAS

Marina Planas, artiste et directrice de la Casa Planas à Palma de Majorque, explore les frontières entre l'art, la mémoire et la représentation visuelle, en utilisant souvent les archives et les cartes postales comme outils de critique et d'imagination.

La carte postale, qui était autrefois un souvenir nostalgique, est ici réimaginée comme un outil de spéculation et de critique. Tirées d'archives, ces images ne servent pas de souvenirs mais de points de départ pour envisager d'autres avenirs possibles, passant d'objets commerciaux à des ressources communautaires, éducatives et poétiques.

Grâce à une réinterprétation collective - essais, pratiques artistiques, descriptions audio et cartographie numérique - la série ouvre de nouvelles voies de relation entre l'image, le paysage et le territoire. Dans cette perspective, la carte postale devient un paysage en soi, un espace où la mémoire rencontre l'imagination du futur, invitant à des récits plus diversifiés et plus sensibles du lieu.

Instagram @cloe_harent

In Memoriam Terrae

CLOÉ HARENT

Cloé Harent est une photographe française qui a développé une approche poétique de la photographie, explorant la relation intime entre les humains et leur environnement, en mettant l'accent sur les textures sensorielles, la mémoire et l'interaction entre la vie et la mort.

Sa série In Memoriam Terrae, créée lors de sa résidence au festival photo InCadaqués, capture les paysages sauvages du Cap de Creus, un site protégé où la roche, le vent, le soleil, la mer et le sel interagissent depuis des millénaires. Le projet dépeint la terre comme façonnée par des forces anciennes, explorant la mémoire inscrite dans la pierre.

À travers des images richement texturées, Harent brouille la frontière entre la réalité et la fiction, offrant un hommage poétique à une Terre primitive, dépourvue d'êtres humains, et invitant à la réflexion sur la fragilité de la nature et le dialogue intemporel avec la vie.