Myriam Boulos
LIBAN
Instagram @myriamboulos
Né en 1992 au Liban, juste après la fin de la guerre, l'artiste a émergé dans un pays en pleine réinvention. Dès son plus jeune âge, un lien profond s'est tissé avec Beyrouth et l'appareil photo est devenu le moyen d'interroger la ville, ses habitants et la place de l'artiste au sein de cette tapisserie complexe.
Diplômée d'un master en photographie de l'Académie libanaise des beaux-arts en 2015, l'artiste a depuis participé à de nombreuses expositions collectives nationales et internationales. Parmi les vitrines notables figurent Photomed, Beirut Art Fair, Berlin PhotoWeek, Mashreq to Maghreb (Dresde, Allemagne), Beyond Boundaries (New York), C'est Beyrouth (Paris), et Les Jeux de la Francophonie (Abidjan, Côte d'Ivoire).
La reconnaissance de leur travail est arrivée en 2014 lorsque l'artiste a reçu le prestigieux Byblos Bank Award for Photography. Cette reconnaissance a conduit à leur première exposition solo à la Byblos Bank en avril 2015, marquant une étape importante dans leur parcours artistique. Une deuxième exposition solo a suivi en 2019, à l'Institut français du Liban.
Aujourd'hui, l'artiste continue d'utiliser la photographie comme un moyen d'exploration, de défi et de résistance aux normes sociétales. À travers leur objectif, ils se réinventent constamment à l'intérieur du corps et de la ville qu'ils considèrent comme leur foyer.
- SÉRIE -
La révolution en cours au Liban
La révolution en cours au Liban
La révolution a commencé au Liban le 17 octobre 2019. Depuis lors, tout a été émotionnellement et physiquement épuisant et déroutant, mais aussi beau, triste et éveillant. Tout se passe comme si nous sortions d'une relation abusive et que nous disions enfin : Non, ce n'est pas normal. Lorsque la révolution a commencé au Liban, il était tout naturel pour moi de prendre mon appareil photo et d'aller dans les rues. La photographie a toujours été ma façon de participer à la vie, comme elle l'est aujourd'hui, ma façon de prendre part à la révolution. Dans le contexte sociopolitique actuel, j'ai eu l'impression de ne pas avoir le choix : le sujet de ma photographie s'est imposé à moi. C'était plus une question de besoin et de nécessité qu'une question de désir. Le lent documentaire qui constitue normalement mon approche a été tout naturellement remplacé par quelque chose d'autre, quelque chose de nouveau, et au sein de la révolution, je me suis laissé porter par la grande vague qui venait vers moi, une grande vague bien plus grande que moi. Mon projet consiste à documenter les différentes facettes de la révolution libanaise d'un point de vue local. Mon approche se caractérise par le flash direct que j'utilise dans ce projet mais aussi dans d'autres. Cela vient potentiellement de mon besoin de rendre les choses réelles. Le flash direct m'aide également à travailler sur les textures, les corps et les peaux. Dans le contexte de la révolution, la proximité entre les corps en dit long sur la situation. C'est la première fois que nous revendiquons nos espaces publics, nos rues, notre pays. C'est la première fois que différentes classes sociales se mélangent dans les rues. Dans nos rues.Parallèlement à la documentation photographique, je documente également l'évolution de mes émotions pendant la révolution. C'est une sorte de journal qui accompagne les photos. Exemple : Lundi 20 janvier Beyrouth, Liban Ce soir, sous les gaz lacrymogènes, j'ai pris toutes mes photos les yeux fermés. On dit que le moment d'une photo est un black out. Je me demande si ces émotions disparaîtront si je ne les regarde pas.