Francesca Bergamini
ITALIE
Instagram @frau_bergamini
Francesca Bergamini est une photographe conceptuelle née en Italie en 1981.
Après avoir obtenu une licence en architecture à l'université de Ferrare, en Italie, elle a commencé en 2006 sa carrière d'artiste visuelle en architecture 3D, d'abord à Londres, où elle a vécu pendant 6 ans, avant de s'installer à New York en 2015, où elle est actuellement basée.
En 2020, elle a rejoint le 2021 One-Year Documentary-Photography Program à l'International Center of Photography, à New York, et l'année suivante, elle a suivi un second Advanced In-person One-Year Documentary-Photography Program à l'ICP.
Le sujet principal de son travail est l'alternance de l'identité personnelle causée par la technologie numérique, ce qui est extrêmement important pour elle car elle est née avec un type spécifique de tache de naissance, appelée Port Wine Stain, qui affecte 3/5 pour 1 000 nouveau-nés.
- SÉRIE -
Beauty is a Currency
Personne ne savait comment réagir à cette tache cramoisie de vin de Porto sur le côté droit de mon visage à la naissance. Ma famille n'a pas su comment réagir (c'est toujours l'éléphant dans la pièce), les médecins n'ont pas su comment réagir (dans les années 90, un expert voulait prélever un peu de peau de mon cul pour la coller sur la tache de naissance), les sociétés de différentes époques n'ont pas su comment réagir (pour les chasseurs de sorcières, les taches de naissance étaient des "marques du diable", pour le nazisme, des raisons potentielles de mener des expériences inhumaines au nom de la race pure, pour les agents d'Ellis Islands, l'un des paramètres permettant de refuser l'entrée des immigrants en Amérique, pour Cesare Lombroso, des signes de moralité criminelle).
Les systèmes contemporains basés sur l'IA ne savent pas comment réagir à cette situation : les applications divertissantes de type "échange de visage" et les rapports d'analyse de la beauté plus coûteux des agences de conseil en ligne réagissent en ignorant la tache de naissance, en s'en débarrassant et en ne considérant que le côté gauche conventionnel comme entrée pour générer leurs résultats. Je n'ai jamais été satisfaite de la réponse que l'on m'a demandé de donner si l'on me demandait "Qu'est-il arrivé à votre visage ?".
Avec le projet "Beauty is a Currency", je veux enfin y répondre.
"Beauty is a Currency" veut étudier la complexité d'être né avec une imperfection comme une tache de naissance cramoisie, un échec à être capturé et corrigé dans un système inévitablement contrôlé, où la beauté est une force sociale aussi puissante que la race ou le sexe, et où plus d'argent est dépensé pour la beauté que pour l'éducation (USA) - 2023 a montré une augmentation globale de 19.3 % des interventions réalisées par les chirurgiens plasticiens.
"Beauty Is a Currency" vise à mettre en évidence cet échec et à remettre en question les normes de beauté conventionnelles en utilisant les mêmes outils que ceux utilisés par le système pour se débarrasser de l'imperfection : IA, logiciels 3D, photogrammétrie, applications de reconnaissance faciale, etc.
Les erreurs sont des écarts par rapport à la norme et élargissent donc notre connaissance de ce qui est standard. En tant que telles, les erreurs sont des caractéristiques à ne pas ignorer.
