Ci Demi
Turquie
Ci Demi (né en 1986) est un photographe basé à Istanbul. Il a étudié la langue et la littérature italiennes à l'université d'Istanbul. À 28 ans, il découvre la photographie. Ses photographies ont été présentées dans des publications de premier plan telles que Foam Magazine et le British Journal of Photography. Le travail de Demi a été présenté dans des festivals et des lieux renommés, notamment aux Rencontres d'Arles et au musée Pera d'Istanbul.
Onagöre a publié le premier livre de photos de Demi, "Şehir Fikri" (Notion de ville, décembre 2022), un portrait en série d'Istanbul marqué par l'absence de personnes, d'animaux et de langage. Inspiré par le roman oulipo de Georges Perec "La Disparition" (A Void, 1969), le livre se concentre sur l'essence obsédante de la ville.
Son travail personnel explore la psychogéographie d'Istanbul, tissant de manière complexe des récits intimes du paysage de la ville avec ses propres expériences vécues. S'il adopte une approche documentaire pour ses images (en veillant à ce qu'elles soient toujours inaltérées et non mises en scène), son utilisation de la couleur pour transmettre une "tension tranquille" est prédominante dans son travail.
- SÉRIE -
Unutursan Darılmam
(Pas d'infraction si vous oubliez)
Tout dans cette histoire se déroule dans un appartement d'Istanbul.
En 2019, l'auteur a connu un grave épisode dépressif qui l'a confiné chez lui pendant une année entière. Ses seules sorties se résument à des visites chez le psychiatre et à de brèves excursions dans le centre-ville. Au fil des mois d'isolement, la ville est devenue un souvenir lointain, se transformant en une entité monstrueuse et changeante. Le photographe s'accroche aux quelques photos qu'il peut prendre, consacrant chaque instant à les étudier, les éditer, les trier et écrire à leur sujet. L'épisode durera jusqu'en 2022.
La société considère souvent la santé mentale comme un combat personnel, dont l'aliénation est une conséquence fréquente. This work, however, externalises the author's battles, reflecting the impact of a newly diagnosed bipolar disorder on various facets of Istanbul.
Les photographies capturent à la fois la vie quotidienne à Istanbul et les émotions que ces moments évoquent chez le photographe, offrant un aperçu d'un esprit lourdement médicamenté. Les scènes dépeintes sont sereines, parfois glaçantes, souvent agitées, mais étrangement aimantes. Naviguer dans une ville de 16 millions d'habitants tout en luttant contre un trouble mental : À travers les photographies, nous comprenons que le vocabulaire d'une métropole surpeuplée et l'agitation intérieure d'un individu sombre partagent de nombreuses similitudes.
On pourrait même dire qu'ils parlent la même langue. La photographie devient leur dialogue silencieux et la reconnaissance poignante d'une vérité unique et certaine : il était peut-être temps de partir. Une question centrale se pose : Qui est oublié, le photographe ou la ville ?
Grâce à la photographie, ce travail crée une mémoire commune pour l'auteur et la ville, une collection d'images à revoir une fois la lutte apaisée.