SQEVNV est une série qui traite de la violence en Amérique latine, ou plutôt d'une certaine urgence de vivre. J'ai commencé ce travail en 2015 au Venezuela, le pays entrait alors dans une grande crise de violence et j'avoue avoir été submergé par l'atmosphère électrique que pouvait avoir Caracas. Le danger éteint palpable à chaque sortie et j'ai commencé à développer une sorte de fascination pour l'adrénaline que cela me procurait.

Le titre de ma série est une abréviation de la phrase "Siempre que estemos vivos nos veremos", qui signifie "tant que nous serons en vie, nous nous verrons". C'est la dernière phrase que m'a dite Yair, un chef de gang de Caracas. C'est une phrase tatouée dans mon cœur. La conscience de sa propre fin avait quelque chose de terrible et de sublime à la fois. Yair a été assassiné deux mois plus tard. Je suis retournée plusieurs fois en Amérique latine (Guatemala, Mexique, Brésil), mes yeux étaient attentifs aux cicatrices de ce continent. J'y ai rencontré d'autres personnes et toutes ont eu à m'apprendre la vie et la mort. Tous m'ont amené à essayer de comprendre pourquoi ce continent était en proie à une sorte de violence Eros et Thanatos.

La photographie m'a permis de traduire cette sensualité insolente qui transpire".

Céline Croze ( Interview par Valentine Zeler)